Un samedi matin,
Quatre cafés plus tard, et sans tout à fait relire... ☻
À partir de la semaine prochaine et jusque fin mars nous entamons ici, à Hy, notre cycle radio.
Comme il est toujours intéressant de réfléchir au sens des choses, nous pourrions aujourd’hui,
en cette fin de mois d’ouverture, nous poser certaines questions à l’égard de notre outil.
En 2018, Laurel Schwulst, designeuse, développeuse web et enseignante se questionnait sur certaines
requêtes de ses étudiant·es comme Comment faire pour créer un site web ?
. Elle répondait alors par
l’interrogative en posant le problème dans un autre sens: De toute manière, qu’est ce qu’un site web ?
.
En transposant cette logique à la question comment faire de la radio, nous pourrions déjà répondre, subjectivement, à qu’est ce qu’une radio ? Et la réponse n’est pas si évidente que ça. D’ailleurs, pour digresser encore un peu, revenons sur le parallèle entre la radiophonie — hertzienne ou numérique — et le web.
En effet, la prochaine étape de cette année, après la radio, sera le web. Cela pourrait être un enchaînement heureux, aléatoire, et sans réel intérêt. Mais… pas vraiment en fait, puisque radio et web ont en réalité plus de chose à se dire qu’il n’y paraît. À la question qu’est qu’une radio, nous pourrions donc rajouter, en comparaison, qu’est ce qu’un site web ?
Pour commencer, il y a deux points communs desquels nous pourrions partir pour chercher à circonscrire la problématique.
Il y a déjà leur histoire. Celle des ces deux médias, où la radio, avant internet et le web incarnait la promesse d’un outil
d’expression et de communication à petite et grande échelle. Un outil pour tous·tes, ouvert et décentralisé.
Il y a ensuite leur évolution. La radio avant le web — encore une fois — étant rapidement devenue un espace plutôt rigide et homogène, ayant été
contrôlée par des groupes privés, ayant servie d’outil de propagande, avant d’être légiférée et contrôlée par les états, et toujours par quelques groupes privé bien sûr.
De cette trajectoire commune nous pourrions retenir ceci: la question derrière qu’est ce qu’une radio ou qu’est ce qu’un site web ne serait-elle pas, en fait, qu’imagine-t-on derrière une radio ou un site web ?
Alors, qu’imaginez-vous ? Il est difficile d’imaginer, non ? Comme à l’inverse il est facile de ne pas se rappeler ce que l’on considère comme étant la radio ou le web, tant la mémoire de ce qu’ils sont intrinsèquement a été dévoyée pour servir, entre autre, les intérêts de certaines personnes, de certains groupes. Ainsi, si l’on considère l’évolution et l’usage de ces technologies on arrivera assez rapidement à la conclusion qu’un site ou une radio sont juste un ensemble de moyens matériel, de câbles agencés pour servir des besoins de communication, de publicité. Des objets via lesquels nous éditons des contenus clairs, net et précis pour diffuser de l’information. Une vision plutôt pratique, pragmatique et moderne où la forme suivrait une certaine fonction bien définie et normée. Et si la forme suit la fonction, comme le veut la formule, alors finalement le contenu suit la forme. Mais cette vérité, ou plutôt cette fiction, devenue réalité n’en a pas toujours été, que ce soit pour la radio ou pour le web. Car si l’on suit la logique, alors finalement nous ne serions qu’auteur·ice ou éditeur·ice d’une certaine radio ou d’un certain web. Mais il n’en est rien. Quand on se pose la question du comment et du pourquoi une radio ou un site web, nous dépassons alors ce seul rôle d’auteur·ice et en devenons, de fait, les architectes.
Et si justement, en tant qu’architectes, il en était autrement, si l’on mettait d’autres notions, d’autres adjectifs, d’autres prédicats derrière ces mots ? Et si une radio ou un
site nous racontait autre chose que ce qu’ils sont dans l’imaginaire du monde d’aujourd’hui ? Et s’ils étaient, sinon des espaces quadrillés, des mondes à part entière.
La radio pourrait alors être, à l’instar ce que propose Laurel Schwulst pour un site web : surprenant(e), mémorable, monumental(e), apaisant(e), choquant(e), imprévisible,
radicalement ennuyeux(se), bizarre, époustouflant(e), très calme et subtil(e)
. Mais pour considérer cela, il faudrait peut être l’aborder d’une manière plus métaphorique.
Cette dernière citation de Laurel est issue d’un article publié sur le site de The creative independant
en 2018 qu’elle intitulait : My website is a shifting house next to a
river of knowledge. What could yours be ? (Mon site web est une maison en mouvement près d'une rivière de connaissances. Quel pourrait être le vôtre ?
.
Pour notre site, on ne sait pas encore, mais concernant cette radio nous pourrions dire qu’elle est un radeau en construction aux abords d’une vallée bruyante, où se croisent les paroles des vivant·es environnantes.
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Notre radio est imparfaite, oui, et ce n’est pas grave. Elle est bricolée, son signal saute, elle beug, son contenu est rugueux, mouvant, spontané et saccadé. Son intention comme son architecture ou son contenu sont instables, fluides. Pourrait-on dire, alors, qu’elle est une radio ? Les rencontres orbitales comme nos futures émissions n’ont pas de conducteur, c'est à dire pas de plan ou de trame narrative, pas de jingles, pas d’intro, pas d’outro et nos invité·es sont à la fois spécialistes de rien et expert·es de tout. D’ailleurs, s’il y a aujourd’hui ou plus tard un·e ou deux invité·es, il y a surtout DES invité·es. Les invité·es c’est tout le monde, les passant·es, les habitant·es, celles qui écoutent, et enfin nous. Nous qui sommes également des auditeur·ices comme les autres. On est là, on écoute, on s’exprime, comme chaque personne autour de cette table et dans ce chat. Nous sommes là pour créer et faire de la radio. Oui, ‘faire’ de la radio, c’est quoi faire de la radio ? Pour nous, ce serait déjà, peut être, penser la radio, la structurer, la modeler, la re-modeler, la décorer et enfin l’habiter.
Aujourd’hui notre radeau en construction croise le chemin de Lina et nous abordons avec elle le thème des mémoires. Les mémoires, celles qu’on oublie, qu’on retrouve, que l’on se raconte, que l’on célèbre, des mémoires floues, vivantes, intenses, drôlement banales, celles de la fête.
Bienvenue aux rencontres orbitales, plateaux radio ouverts et participatifs depuis l’antre de Hy, avec notre transmettaire du jour, Lina Goudjil.
Ce texte s'appuie sur les sources suivantes
Ce texte a été écrit par Hyper Hydre, le samedi 22 janvier 2022.
Dernières modifications syntaxiques le lundi 31 janvier 2022.